Jonsi tu avais du courant
Voir Monsieur Sigur Ros sans son groupe : l’occasion peut-être de
l’entendre dans une configuration un poil plus conventionnelle, moins évaporée. Eh bien non, un incident bagage à l’aéroport et l’on se retrouve avec un petit
miracle sonore.
Leur matériel électrique resté en rade à l’aéroport, les cinq Islandais sont arrivés à nu. Qu’à cela ne tienne,
voilà l’occasion ou jamais de prouver que leurs chansons tiennent toutes seules, qu’elles n’ont nul besoin de tuteur artificiel pour se déployer. Même un bassiste qui a le bras dans le plâtre ne
suffit pas non plus à fausser la cérémonie.
D’une pâleur répondant à la fragilité de sa voix, Jonsi se dresse de toute son étrange grandeur derrière son
micro, tel un sage apaisant, un prêtre païen, enveloppé dans sa veste Larzac agrémentée de fanfreluches. Pas de hopelandic dans ces tranches de rêve musical issues de son premier album mais
l’anglais même résonne autrement, transcendé et envoyé dans une dimension immatérielle.
Autour de lui, les instruments du culte : un grand xylophone, une guitare sèche, une basse, des percussions, un
clavier. Une bulle acoustique se forme autour de la scène de la Cascade, l’isolant de l’électricité ambiante, et l’on en vient à ne plus même entendre les basses insistantes provenant d’un stand
à proximité.
Cela fonctionne admirablement, miraculeusement. Les sons d’une fragilité de cristal, ce chant toujours sur la
brèche du sensible captivent le public qui contre toute attente ne le boude pas. Electricité ou non, l’essentiel est là.
Le Parc de Saint-Cloud, futur lieu de pèlerinage en l’honneur de Saint Rock.
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