E et ses chansons au moral à trois-cent mètres de fond qui ont bercé nos angoisses et nos déceptions adolescentes. E et ses anguilles qui ne frayent jamais deux fois dans la même eau musicale et qui viennent d'accoucher d'une trilogie conceptuelle. Le désir, la perte et la rédemption. Le troisième volet, paru il y a quelques jours sous le titre de "Tomorrow Morning", aurait dû nous mettre la puce sauteuse à l'oreille : E a trouvé la lumière.

46. EelsUn bandana noué sur la tête, de longues lunettes de soleil sportives et son éternelle barde lui mangent la majeure partie du visage. Ce sont les seuls vestiges du E ombrageux, remuant les défaites, les suicides, les doutes et les regrets comme autant de sujets de chansons. Celui qui apparaît sur la Grande Scène est tout de blanc vêtu, entouré de ses musiciens en gilets, chemises immaculées, chapeau et cravates, dans une impressionnante harmonie visuelle de blanc et noir. Entre classe et cliché. Un détail comme annonciateur de la débandade d'allégresse à venir : la guitare bleu pétante du leader, au sourire suspect.

La danse démarre sur les chapeaux de roue, dans un boogie remuant, insufflant une incroyable énergie positive à la foule. Mince, on a dû se tromper de scène ! Pour la conjuration du mal par le mal, ce n'est apparemment pas la bonne pelouse… "Prizefighter", "Summer In The City"… Non, c'est bien notre broyeur de noir préféré, mais remonté à bloc et qui a décidé de voyager léger, laissant en Californie tous ses morceaux les plus lestés de spleen. A peine le tempo s'apaise-t-il le temps de la vibrante déclaration de "Spectacular Girl" ou dans les aveux de faillite et les cargaisons d'auto-dépréciation de "That Look You Give That Guy" qu'il éclatent à nouveau dans les rythmes énervés du single "Fresh Blood" et ses saccades de riffs aux crocs acérés.

L'humeur est désespérément joyeuse, joviale même. Présentation des musiciens, solo de batterie, sourires à foison. "It's a Beautiful Day" et ses terribles sarcasmes sont suivis des jeux oraux d'un E étonnamment décontracté et jovial, sautillant comme un gamin surexcité, dans un grand barouf de rock bluesy qui a décidément bien rencontré la rédemption. Est-ce un pêché que de regretter ses moments de détresse ?


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