Uber hype depuis la sortie en mai de leur deuxième album, Primary Colours, les saints Horrors étaient très attendus à Rock en Seine. Surtout après leur annulation quelques semaines plus tôt à la Route du Rock pour des raisons obscures. Cette fois, ils sont venus, nous ont vu, mais ont-ils convaincu ?

nullLors de la conférence de presse The Horrors nous explique que s'ils sont passés d'un son post-punk/garage à quelque chose de plus shoegaze/krautrock ce n'est pas le fruit de savants calculs marketing mais le résultat de l’évolution naturelle du groupe. Le kraut rock ils aiment son sens du rythme, métronomique, excitant. Son approche du synthé, de la batterie, ils trouvent ça super, inspirant. Et voilà, s'ils ont effectivement beaucoup écouté Loveless, Unknow Pleasures et Neu!, ce qu'ils veulent surtout c'est aller de l'avant. Et l’on dit souvent que leur musique est noire, ce n'est pourtant pas ce qu'ils visent, ce qu'ils visent c'est l'intensité, l'énergie. Discours studieux, mais... ça se tient.

Une fois sur scène on se rend compte qu'il y a définitivement quelque chose d'allemand dans la musique de The Horrors. Et pas que dans les synthés ni la batterie. C'est qu'on est clairement convié à un trip autoritaire. Seul au micro, sans instrument, Faris Rotter, le chanteur, vocifère, vindicatif, macabre, dictatorial. Porté par la puissance anxiogène de ses acolytes, il lève les bras, expressionniste, se fige, sûr de son fait, nous laissant admirer ses yeux noirs, fixant le vide, comme possédés. (Eh oui, il a enfin ôté ses lunettes !) Et voilà qu'il se remet à crier, à lancer son poing comme un coup de fouet sur le sol, sans nous regarder, dans un geste aux antipodes de l'attitude du chanteur de Keane.

Fatalité, désespoir, inhumanité. Et malheureusement, pas un mot au public. Au pied du mur (du son), sans une vraie chanson à se mettre sous la dent (zéro couplets-refrain), ce public est de marbre, déconcerté. Il applaudit peu. Se laisse-t-il submerger ? Trouve-t-il ces jeunôts trop arrogants, démonstratifs, théâtraux ? Ne seraient-ils que des Rastignac vêtus de costumes trop grands pour eux ? En tout cas, entre bluff et putsch, à l'inverse de bon nombre de groupes, la boutique The Horrors ne laisse pas indifférente. Les décibels comme les doutes hanteront encore longtemps nos cerveaux.


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