BJÖRK/ princesse nordique aux pieds nus
La prestation fut un choc. Irréparable. Historique. Jamais le public n’aura autant été aussi soudé, rejoignant les lumières citadines, encore chaos et hébété pas le concert.
A-t-on besoin encore de le rappeler ? La prêtresse électro a marqué les années 90. Alternant les styles au grès de ses humeurs, l’ancienne chanteuse des Sugarcubes a fait sans cesse preuve d’un avant-gardisme déroutant. Une artiste complète et multiforme, capable d’épouser une musique minimale, pop, folk et lyrique dans un charivari baroque. Autant se l’avouer, que l’on aime ou non, Björk Guðmundsdóttir ne laisse pas indifférente. A la fois expérimentale, mélodique et scénographique, elle repousse continuellement les dogmes de la musique pour s’attaquer de plein fouet aux émotions.
Et ne nous méprenons pas... Ceux qui voyaient encore en Björk une gentille lutine excentrique, n’ont qu’à se remémorer la liste de ses prétendants de Goldie en passant par Tricky et actuellement le plasticien Matthew Barney. Sur scène ? C’est pire. Malgré un timide démarrage, la voix puissante et caractéristique de la chanteuse saccade comme à son habitude sa diction... Pour notre plus grand bonheur. Autour d’elle, une cohorte féminine de cuivres, relookée gospel contemporain. L’esthétisme général emprunte autant les couleurs fades du pastel que les lasers ou les lithographies d’animaux. Confettis argentés, flammes, stroboscopes et toiles d’araignées sortant de ses manches… L’Islandaise nous sort sa panoplie de magicienne.
Björk parcourt la scène en sautillant et sollicite du regard ses musiciens dans sa parure dorée, fuseau blanc sur les hanches. Le set virevolte entre classiques, sons distordus et torturés, explosions épileptiques et battements hardcore. Euphorie dans la foule qui reprend en chœur les exhortations de la chanteuse. S’extirpant en coulisses pour boire son mug, l’artiste à l’épaisse crinière brune donne ses dernières indications avant de remonter sur scène pour faire chanter à la foule un joyeux anniversaire pour deux de ses musiciens. Le concert se finit en apothéose dans un fracas apocalyptique et assourdissant…
Trois heures après sa prestation, Björk est toujours au village artiste avec son équipe à fêter l’événement à grand renfort de platines. Et si de mémoire de festivalier la cohésion a été rarement aussi poussée et perceptible… rare un after aura autant marqué les bénévoles.
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